« Ainsi le progrès n’est plus dans l’homme, il est dans la technique, dans le perfectionnement des méthodes capables de permettre une utilisation chaque jour plus efficace du matériel humain. »
Bernanos
« Le monde se trouve aujourd’hui dans une situation singulière, dont deux citations permettent de prendre la mesure. La première date de 1900, et son auteur est Hwuy-Ung, un lettré chinois que ses idées réformatrices, peu prisées par l’impératrice douairière Cixi, avaient forcé à l’exil. D’Australie, il écrivit ceci à un ami demeuré en Chine :
« Les merveilles de ce pays et des nations occidentales nous sont, pour la plupart, inconnues et nous paraissent incroyables. […] Vénérable frère aîné, votre esprit supérieur, tout en reconnaissant l’ingéniosité surprenante des nations occidentales, n’en posera pas moins la question : “Toutes ces merveilles rendent-elles les gens plus heureux ?” Il est difficile de répondre à pareille question. Beaucoup se la posent. Tous sont dans le brouillard du doute. Sur une chose, en revanche, je n’ai aucun doute : grâce aux machines et à la science, les hommes peuvent accomplir en une vie ce qui, sans elles, en demanderait vingt, de sorte que c’est comme s’ils vivaient vingt vies. […] Mais, mon honorable frère demandera encore : “Un homme est-il plus heureux lorsque ses jours sont multipliés par vingt ? Ne court-il pas au-devant des difficultés, en rendant la vie si compliquée ? Que font les dix-neuf hommes pendant qu’un seul, avec une machine, accomplit leur travail ?” À cela, je répondrai que je ne sais pas. Ce qui est certain, c’est que le genre humain progresse dans la connaissance. Et que ceux qui ne suivent pas le rythme des nations les plus avancées se retrouvent victimes de ces nations, comme nous l’avons été. Qu’est-ce que le bonheur ? En tout cas, ce n’est pas le bonheur d’être soumis à la volonté d’étrangers, et spolié de son territoire. Pour être heureux, il faut être fort, pour être fort, il faut disposer de richesses. Avec des richesses, il est possible de s’armer afin de se défendre et d’être respecté. C’est pourquoi nous devons recourir aux moyens occidentaux, aux machines et à la science, qui produisent les richesses et donnent du pouvoir. »
“Ce n’est pas la technique qui nous asservit mais le sacré transféré à la technique (…) Ce n’est pas l’Etat qui nous asservit (…), c’est sa transfiguration sacrale (…)”
Jacques Ellul, Les nouveaux possédés.
“J’ai montré sans cesse la technique comme étant autonome, je n’ai jamais dit qu’elle ne pouvait pas être maîtrisée.”
Jacques Ellul, Changer de révolution.
“Par conviction spirituelle, je ne suis pas seulement non violent mais je suis pour la non-puissance. Ce n’est sûrement pas une technique efficace. (…) Mais c’est ici qu’intervient pour moi la foi. (…) On ne peut pas créer une société juste avec des moyens injustes. On ne peut pas créer une société libre avec des moyens d’esclaves. C’est pour moi le centre de ma pensée.”
Patrick Chastenet, Entretiens avec Jacques Ellul
« La dernière mise à jour devait rapprocher encore plus le comportement des robots de celui des humains. Elle fut un succès. Le lendemain de son application, de nombreux droïdes restèrent immobiles, se demandant à quoi bon aller travailler. » François Houste, Mikrodystopies. Editions Fictions.
« Le monde se trouve aujourd’hui dans une situation singulière, dont deux citations permettent de prendre la mesure. La première date de 1900, et son auteur est Hwuy-Ung, un lettré chinois que ses idées réformatrices, peu prisées par l’impératrice douairière Cixi, avaient forcé à l’exil. D’Australie, il écrivit ceci à un ami demeuré en Chine :
« Les merveilles de ce pays et des nations occidentales nous sont, pour la plupart, inconnues et nous paraissent incroyables. […] Vénérable frère aîné, votre esprit supérieur, tout en reconnaissant l’ingéniosité surprenante des nations occidentales, n’en posera pas moins la question : “Toutes ces merveilles rendent-elles les gens plus heureux ?” Il est difficile de répondre à pareille question. Beaucoup se la posent. Tous sont dans le brouillard du doute. Sur une chose, en revanche, je n’ai aucun doute : grâce aux machines et à la science, les hommes peuvent accomplir en une vie ce qui, sans elles, en demanderait vingt, de sorte que c’est comme s’ils vivaient vingt vies. […] Mais, mon honorable frère demandera encore : “Un homme est-il plus heureux lorsque ses jours sont multipliés par vingt ? Ne court-il pas au-devant des difficultés, en rendant la vie si compliquée ? Que font les dix-neuf hommes pendant qu’un seul, avec une machine, accomplit leur travail ?” À cela, je répondrai que je ne sais pas. Ce qui est certain, c’est que le genre humain progresse dans la connaissance. Et que ceux qui ne suivent pas le rythme des nations les plus avancées se retrouvent victimes de ces nations, comme nous l’avons été. Qu’est-ce que le bonheur ? En tout cas, ce n’est pas le bonheur d’être soumis à la volonté d’étrangers, et spolié de son territoire. Pour être heureux, il faut être fort, pour être fort, il faut disposer de richesses. Avec des richesses, il est possible de s’armer afin de se défendre et d’être respecté. C’est pourquoi nous devons recourir aux moyens occidentaux, aux machines et à la science, qui produisent les richesses et donnent du pouvoir]. » »1900, Hwuy-Ung, cité par Olivier Rey.
« Si nous voulons pouvoir dire quelque chose du monde futur, dessiner les contours théoriques d’une société à venir qui ne soit pas hyper-industrielle, il nous faut reconnaître l’existence d’échelles et de limites naturelles. L’équilibre de la vie se déploie dans plusieurs dimensions ; fragile et complexe, il ne transgresse pas certaines bornes. Il y a certains seuils à ne pas franchir. Il nous faut reconnaître que l’esclavage humain n’a pas été aboli par la machine, mais en a reçu figure nouvelle. Car, passé un certain seuil, l’outil, de serviteur, devient despote. Passé un certain seuil, la société devient une école, un hôpital, une prison. Alors commence le grand enfermement. (…) J’appelle société conviviale une société où l’outil moderne est au service de la personne intégrée à la collectivité, et non au service d’un corps de spécialistes. Conviviale est la société où l’homme contrôle l’outil. »
Ivan Illich, La convivialité.
« La tragédie est qu’il n’y ait plus d’êtres humains, mais d’étranges machines qui se cognent les unes contre les autres. »Pasolini