« Les hommes n’étant pas dotés des mêmes capacités, s’ils sont libres, ils ne seront pas égaux et s’ils sont égaux c’est qu’ils ne sont pas libres. » (Alexandre Soljenitsyne)
« Une expérience journalière fait reconnaître que les Français vont instinctivement au pouvoir ; Ils n’aiment point la liberté ; l’égalité seule est leur idole. Or, l’égalité et le despotisme ont des liaisons secrètes. » Chateaubriand commentant le règne de Napoléon (Mémoires d’outre-tombe)
« Nous opposons le même refus au matérialisme de la société de consommation et à la fausse mystique de la révolution. car le premier nous apporte des biens tangibles, mais dont la possession tourne aussitôt à la satiété et à l’ennui, et le second nous propose un idéal irréalisable et destructeur. D’un côté des promesses qui meurent d’être tenues, de l’autre le mirage de l’impossible.
A voir ce que les conservateurs désirent sauver- le bien être, le confort, la tranquillité au dehors afin qui rien ne trouble la liquéfactions intérieure, l’évasion factice, la culture intensive des faux besoins épuisant le terrain des vraies nécessités, en bref, le fièvre de l’avoir greffée sur une anémie pernicieuse de l’être, et cette apparence de liberté que donne à la girouette l’impulsion des mille vents qui l’agitent- à voir tout cela, on se sent révolutionnaire.
Mais si l’on songe à ce que la révolution risque de détruire (tous les trésors du passé, tous les jalons de l’éternel dans le temps, mêlés aux fausses valeurs du présent et jetés indistinctement à l’égout), alors on devient conservateur.
(…) Nous sommes délibérément conservateurs en ce sens que nous voulons sauver ce qu’il y a d’immuable dans l’homme: sa nature créée et l’élection surnaturelle par laquelle il parvient à la solitude de l’être incréé.(…)
Et nous sommes révolutionnaires dans ce sens que, loin de confondre la fidélité à l’immuable avec le respect inconditionnel du statu quo temporel, nous concevons la révolution comme un incessant mouvement de retour à ces sources intarissables dont notre soif, dénaturée par les breuvages factices, laisse perdre les eaux. le mot de révolution – ou plutôt de conversion- permanente vient ici à point. L’homme nouveau- au sens paulinien du mot- n’achève jamais de naitre dans le vieil Adam.
Et c’est cela- cela seul au fin- qu’attend le monde moderne : d’être sauvé de lui-même. »
Gustave Thibon, l’ignorance étoilée.
« Si vous criez « c’est moi qui ai la vérité de mon côté », je crierai aussi haut que vous « c’est moi qui ai la vérité de mon côté » ; mais j’ajouterai : et qu’importe qui se trompe ou de vous ou de moi, pourvu que la paix soit entre nous ? Si je suis aveugle, faut-il que vous frappiez un aveugle au visage ? » Denis Diderot
« Je préfère être exposé aux conséquences d’un excès de liberté qu’à celles d’un manque de liberté. » Thomas Jefferson
« Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur ; il n’y a que les petits hommes qui redoutent les petits écrits. »Beaumarchais
« Ce qu’on appelle liberté, dans le langage politique, c’est le droit de faire des lois, c’est-à-dire d’enchaîner la liberté. » Auguste Vermorel
« La Révolution a mis en circulation des idées et des valeurs qui ont fasciné l’Europe puis le monde, et qui procurèrent à la France, pendant plus d’un siècle, un prestige et un rayonnement exceptionnels. On peut toutefois se demander si les catastrophes qui se sont abattues sur l’Occident n’ont pas aussi là leur origine.
En quel sens ?
Parce qu’on a mis dans la tête des gens que la société relevait de la pensée abstraite alors qu’elle est faite d’habitudes, d’usages, et qu’en broyant ceux-ci sous les meules de la raison, on pulvérise des genres de vie fondés sur une longue tradition, on réduit les individus à l’état d’atomes interchangeables et anonymes. La liberté véritable ne peut avoir qu’un contenu concret : elle est faite d’équilibres entre des petites appartenances, des menues solidarités : ce contre quoi les idées théoriques qu’on proclame rationnelles s’acharnent; quand elles sont parvenues à leurs fins, il ne leur reste plus qu’à s’entre-détruire. Nous observons aujourd’hui le résultat. »
Claude Lévi-Strauss – De près et de loin (1988).
« La menace qui pèse sur le monde est celle d’une organisation totalitaire et concentrationnaire universelle qui ferait, tôt ou tard, – sous un nom ou sous un autre, qu’importe ! – de l’homme libre une espèce de monstre réputé dangereux pour la collectivité tout entière, et dont l’existence dans la société future serait aussi insolite que la présence actuelle d’un mammouth sur les bords du Lac Léman. Ne croyez pas qu’en parlant ainsi je fasse seulement allusion au communisme. Le communisme disparaîtrait demain, comme a disparu l’hitlérisme, que le monde moderne n’en poursuivrait pas moins son évolution vers ce régime de dirigisme universel auquel semble aspirer les démocraties elles-mêmes. »
Georges Bernanos, La liberté, pour quoi faire ? (1953)
» Le rejet moderne de l’ordre naturel au nom de l’autonomie humaine a prétendu ériger l’individu en maître absolu de lui-même, ne fondant les relations avec ses semblables que sur le libre consentement d’un contrat social offrant plus d’avantages que de charges. En faisant voler en éclats les liens communautaires de type traditionnel, le contractualisme a peut-être ainsi donné aux hommes l’impression d’une libération, mais en réalité il en a fait des isolats au sein d’une masse indistincte. Comme l’a souligné Hannah Arendt, « une société de masse n’est rien de plus que cette espèce de vie organisée qui s’établit automatiquement parmi les êtres humains quand ceux-ci conservent des rapports entre eux mais ont perdu le monde autrefois commun à tous ». Même si le contrat social n’est qu’une fiction, même si les survivances de la communauté politique naturelle ont opposé une longue résistance, il a fallu toujours plus rechercher l’unité sociale par d’autres moyens que la direction proprement politique d’une autorité que légitime la poursuite de la justice et de la paix. (…) La destruction des liens sociaux organiques opérée délibérément à partir de la Révolution française et maintenue, tant par la prétention étatique au monopole que par la logique de l’économie libérale, a donc été la condition sine qua non de l’apparition d’un individu prétendument maître de lui-même et auteur souverain de sa propre loi, mais en même temps unité élémentaire d’une masse indistincte, aussi isolé qu’abstrait. C’est donc sur ce terrain qu’arrive à point nommé la propagande – euphémisée en publicité, information, communication publique… –, laquelle ne s’adresse pas à cette masse sans visage, mais à chacun de ceux qui la composent, en vue d’obtenir adhésion et soumission. » Revue Catholica, printemps 2020.